Réduction drastique des risques psycho-sociaux dans une entreprise en crise

Contexte et situation de départ :

Entreprise industrielle réalisant des systèmes à fort contenu technologique dans un environnement exigeant sur les plans des délais, des coûts et des responsabilités juridiques.

Une forte proportion de la population est constituée de techniciens et d’ingénieurs, passionnés par leur travail. L’entreprise ne se porte pas bien sur le plan financier et a subi les années précédentes des épreuves traumatisantes.

Je prends la direction de cette entreprise, avec pour mission de mener un nouveau projet de transformation majeure, mal vécu par la majorité du personnel.

Je découvre à mon arrivée un niveau de stress général attesté par le rapport d’un psychologue. Il y a plusieurs cas de personnes en état de burn-out, 2,5 % de la population est touché.

Peu de temps après mon arrivée, un employé commet une tentative de suicide sur le site de l’entreprise, heureusement sans gravité corporelle.

Démarche d’harmonisation :

J’informe mon donneur d’ordre que j’ajoute la dimension risques psycho-sociaux à ma mission.

Je lance une démarche de qualité de vie au travail (QVT) suivant 3 axes :

  • Mise en place d’une cellule de suivi des personnes à risque :
    • Composition de la cellule : moi-même comme dirigeant, DRH, responsable QHSE et manager du service le plus touché par les RPS.
    • Réunion d’1h tous les 15 jours ou en cas d’urgence.
    • Repérage des personnes à risque par les membres de la cellule ou par des alertes provenant d’autres employés.
    • Actions par personne : observation, dialogue, sensibilisation de son manager, recommandation de voir le médecin du travail ou la psychologue, point sur l’évolution de son état tous les 15 jours (je peux vous fournir sur demande le support utilisé pour le suivi des personnes à risque).
    • Point à chaque réunion du CE et du CHSCT.
  • Sensibilisation des membres du comité de direction au management humaniste :
    • Introduction au mode de management « Savoir être et savoir-faire du manager au 21e siècle » (www.manager21.net)
    • Séances de « coaching » de 3 membres du comité de direction pour améliorer leur mode de management.
  • Formation par un organisme extérieur de tous les managers de la société au repérage et à la prévention des risques psycho-sociaux.

Tout le personnel est informé, par des réunions en petits groupes, dans le mois suivant mon arrivée, de la mise en place cette démarche de qualité de vie au travail.

Résultats :

Cette démarche QVT qui a été lancée avant la tentative de suicide a contribué à pacifier les esprits suite à ce grave incident, en démontrant le sincère engagement de la Direction à traiter les risques psycho-sociaux.

Quatre mois après le lancement de la démarche, le nombre de personnes estimées à risques que nous suivons est passée de 15 à 1. Le rythme des réunions de la cellule de suivi des personnes à risques passe donc à mensuel.

10 mois après, dans le contexte traumatisant lié au projet de transformation que j’ai mené, la cellule se réunit toujours mensuellement et nous estimons le nombre de personnes à risques à 2.